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25 juin 2008 3 25 /06 /juin /2008 04:42

 

Connaissez-vous une firme qui a engendré une grande flopée de personnages aux concepts parfois proches de ceux de Marvel comics en très peu de temps ?
Vous souvenez-vous du sommaire des trois premiers Titans de Lug qui accueillit des héros dont les lecteurs se demandèrent pendant longtemps où était la suite  ?
 Enfin, voulez-vous connaître la tentative de revanche de Mr Goodman qui se solda par un retentissant échec ?
 Si oui, une partie de ces réponses se trouvent dans cet article. 
Martin Goodman était l’entrepreneur des comics qui avait particulièrement bien réussi. Il avait survécu au crac de 1956 ; lorsque le Sénat américain s’est mis en croisade contre les comics américains afin de protéger la jeunesse américaine. Il a failli devenir le numéro 3 du marché mais il a connu une catastrophe qui a laissé sa firme proche de la faillite. Puis il a vu des cendres de celle-ci se relever de manière spectaculaire de telle sorte un nouvel élan . Il ne lui manquait plus que son propre réseau pour doubler enfin Dc, le numéro 1 qui se trouvait débordé par ce piranha si novateur. 

Bref, Mr Goodman demeure un exemple de réussite à l’américaine, du moins pour la vitrine. Il avait quand même « oublié » de rétrocéder les 25 % de bénéfices à Joe Simon et Jack Kirby sur Captain America en 1942, puis il a « oublié » encore une fois de faire de même avec toutes les co-créations de Jack avant la vente de sa firme en 1968. A l’instar de Victor Fox ou d’autres moins connus, Mr Goodman n’était pas une âme pure, loin s’en faut. 

Ce qui demeure ironique, c’est que lors des accords de la vente de sa firme Marvel à Cadence Industrie, M.Goodman a insisté pour que son fils nommé Chip soit le publisher de la firme, en gros, que sa direction lui revienne afin de perpétuer le règne de la famille sur les comics. Mais Stan Lee, dont le lien de parenté demeure toujours aussi vague, a causé quelque tort à son supposé parent puisqu’il a oudri en secret un accord avec les repreneurs pour se voir attribuer, lui, les rênes de la société au détriment du Chip ! 

Martin Goodman entra dans une fureur légitime : lui avait le droit d’être indélicat avec les autres mais on ne se moque pas du grand Martin Goodman ! Aussi, il prépara sa propre revanche qui consiste par une attaque frontale de son ancienne firme au moyen d’un déluge de nouveaux personnages, aux apparences ou aux concepts parfois étonnamment proches, mais en plus agressifs et même parfois  très intéressants.
Voici donc l’ère Atals/Seabord, qui va suivre la même stratégie que Marvel a suivi pour grignoter la laine de DC. Aussi, vous allez lire dans la fabuleuse riposte de l’homme-margoulin ! 

C’est donc en 1974 que Martin Goodman crée et lance son offensive, en fait une guerre commerciale avec Marvel. Détail amusant, ses bureaux se trouvent à New York (comme ceux de Marvel donc) au 717 cinquième avenue. Il choisit comme co-directeurs Larry Lieber et Jeff Rovin pour concevoir et lancer une vague de titres assez détonants.
Tout d’abord, il s’agit d’un foisonnement de titres divers assez stupéfiants. Même si certains concepts tels que Tarentula se recoupent assez avec Spider-man ou The Brute avec Hulk, il y a un aspect cru par rapport à la violence qui fait que les comics d’Atlas demeurent réellement singulier, un brin dérangeant. Ainsi pour Tarentula, on dirait puisque le concept de Spider-man est repris mais sous la forme d'un freak assez répugnant. Pas malin pour convaincre les kids !
Ne serait-ce que dans la planète des Vampires, publié par Lug donc, les héros ne parviennent pas à sauver leur compagnes, ce qui demeure quelque peu dérangeant pour les lecteurs de moins de 10 ans que nous fûmes à l’époque !

Mais il y a surtout une grande foison de titres, comme si Goodman voulait manger simultanément à absolument tous les râteliers qui rencontrent un succès conséquent. Ainsi, même le magazine d’horreur genre Creepy se voit doter d’un concurrent aux couvertures sublimes de Neal Adams, quand même ! 

Poursuivons la liste, qui est quand même assez étonnante, avec la suite des genres abordés par M.Goodman, qui semble avoir énormément d’appétit. Ainsi, le genre western est abordé (Kid Cody ), ainsi qu’une copie des Archie comics avec Vickie (une véritable institution aux USA), de même que les comics policiers avec Police Action, ou encore les comics de guerre (Sergent Hawk balzing tales !).
Bref, on fait feu de tout bois, tous les créneaux sont courtisés ( la recherche de l’arche perdu sinon du créneau à suivre en quelque sorte). 

Atlas se lance une foule de magazines, aussi variés que le comics puisqu’ils vont de la revue à monstres jusqu’au magazine romantique (mélée à l'horreur, détonnant !), ainsi qu’aux aventures à suspense ou encore aux récits d’épouvante. Le choix est large chez la famille Goodman (ironie, la seule formule à perdurer sera celle du porno !). 

C’est à mon sens le principal intérêt de Atlas/Seabord, proposer une profusion inouïe de concepts et de personnages assez fous, ce dont l’industrie des comics moderne demeure bien incapable. C’est probablement parce que cette génération de créateurs n’était pas élévée au super-héros, et qu’elle savait se détacher de cette influence parfois consanguine. Regardez en direction de la tapageuse firme Top Cow, de Marc Silvestri, qui a réussi en tout et pour tout à créer un seul personnage « mémorable » : Witchblade (pas pour moi). Il s’agit d’un concept fragile, mal défini, dont la vacance aux niveaux des origines demeure le ressort des premiers épisodes. L’intérêt pour le lecteur demeure de découvrir l’origine secrète de l’héroïne, tout comme le scénariste qui demeure assez peu imaginatif et perdu devant un tel challenge !  

Atlas/seabord, malgré ses défauts et son piètre suivi des titres, demeure au moins réellement intéressant avec des personnages proches du Punisher (en fait, du roman policier pur), du tueur de démon, le fils de Dracula (nous sommes dans les années 70’ et les héros horrifiques ont la côte pour quelques temps). Il y a encore le justicier, un héros crée par Steve Dikto dont j’aurais bien aimé lire encore 40 numéros, au bas mot ! 
Justement, la stratégie de Martin Goodman demeure de proposer enfin des droits de suites pour les super-héros ou personnages crées pour sa firme, ce qui demeure quelque peu révolutionnaire quand on connaît le passif de cet homme. Peut-être avait-il un autre stratagème pour rendre caduc l’accord par un vice de forme ? En tout cas, il est parvenu à attirer quelques talents pour le moins prestigieux, dont Steve Dikto, Wally Wood, Alex Toth, John Severin, Neal Adams (pour quelques covers, ne rêvons pas) ou encore des nouveaux talents comme Rick Buchler ou Howard Chaykin ! Etonnant pour un « entrepreneur » qui a quelque peu entourloupé Jack Kirby deux fois de suite...

La firme a commencé à la fin de l’année 1974 et elle s’est consumée vers la fin de l’année 1975, pour des raisons assez édifiantes*. Donc, l’aventure du conquérant Goodman s’est terminée de manière assez piteuse, quoique fort amusante à connaître. Il en restera quelques étincelles de personnages qui sont nulle part, dans les limbes des comics, et dont je m’étonne que Marvel n’ait pas racheté le lot. Elle qui peine à nous proposer de nouveaux personnages (avec les droits qu’elle laisse aux créateurs, je suis persuadé que ceux-ci se gardent bien de leur confier le fruit de leur talent !).  

Ne soyons pas tristes, il reste quand même à l’inénarrable Chip Goodman un magazine pour adulte homme, nommé Swank (qui demeure assez conséquent de nos jours), qu’il aurait dirigé pendant longtemps encore. Un petit lot de consolation en quelque sorte ! 

Note : Pour tout savoir sur la surpenante Atals/Seabord, je vous renvoie à l’ouvrage de Francis saint Martin qui demeure absolument incontournable, et qui vous dévoile entre autres la fin de cette étonnante aventure ainsi que tous les super-héros de la firme. Un régal pour qui sait faire preuve d’une réelle curiosité !  

A commander aux éditions de l’hydre, 1 avenue du Dr Dehrs, 64300 Orthez pour le prix de 8 euros + 1.5 pour le port !

 

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