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2 septembre 2008 2 02 /09 /septembre /2008 08:00

1ère partie  

Marshall Rogers n’est connu que des amateurs quelque peu avertis des comics en France. Ces œuvres ont été publiées en partie mais pas dans des circonstances qui aient permis d’attirer l’attention sur ce grand talent. Aussi, je vais tenter de configurer les minces informations que j’ai à son sujet, sachant que je le considère comme un grand, très grand talent.

Marshall Rogers est né en 1950 aux USA. Tenté par des ambitions artistiques, il a néanmoins choisi un prudent apprentissage dans le dessin industriel et architectural. Il s’agit d’un art roboratif, technique, exigeant et qui ne laisse que peu de place à l’épanouissement créatif. Justement, l’appel de l’art titille Marshall Rogers qui se décide quand même à franchir le pas et à tenter, pourquoi pas, les comics. Il fera donc de petits travaux confidentiels, presque des fanzines, pour finalement travailler dans Deadly hands of Kung-fu, avec Chris Claremont sur les filles du dragon.

Les qualités artistiques de Marshall Rogers sont évidentes. L’homme a un trait de crayon efficace et ses personnages sont puissants, massifs tout en étant gracieux. Marshall possède une sorte de ligne claire qui rappelle celle de John Byrne : les contours de ses personnages sont efficaces. Pour un coup d’essai, c’est déjà un coup de maître et Marshall passe chez DC comics qui va mal, très mal.

En ces années 77-78, l’éditeur historique connaît presque un effondrement en terme de ventes. La situation est grave. Pour le titre Batman,  ses meilleurs moments, ceux donnés par Neal Adams sont loin. Marshall Rogers va donc être assigné sur Detective comics avec Steven Engelhart qui a une approche très artistique et sensitive de ces scripts : il écrit comme il ressent ses personnages ou ses histoires. Or Batman va être furieusement intéressant. Rarement le mythe de la chauve-souris n’aura été aussi intéressant et prenant.

Grâce à une poignée de numéros, les 471 à 479 et le 481, Batman redevient un titre palpitant où Batman doit se surmultiplier pour combattre un Joker qui n’aura jamais été aussi bien utilisé, un psychiatre diabolique dont on ne sait au juste si il est mort, un politicien très corrompu. Il s’ajoute à cela une vie privée compliquée avec un amour nommé Silver Saint Cloud qui pourrait ramener Bruce Wayne à une vie moins…agitée !
Ces périples ne seront pas trop, ils sont bien agencés et rendent la situation pour Batman périlleuse. Du sang neuf est enfin injecté dans Batman, avec la recréation de Deadshot, en vilain maintenant de premier ordre ou encore le Pingouin qui redevient coloré, un rien risible mais nocif et dangereux. Clayface est remis à l’honneur, bref il s’agit d’une réussite totale qui est hélas quelque peu passée inaperçue en France. Les américains, eux, font la fête à Marshall Rogers puisqu’il est considéré en 1979 comme un des trois grands que sont John Buscema, Curt Swan (surprenant) et lui.

Bizarrement, DC ne semble pas attaché son talent sur des projets de premier ordre car la paire reprend Mister Miracle après le très haut Jack Kirby. Les reprises des récits majeurs de Jack, comme les News Gods ou même Kamandi, ne sont pas des réussites artistiques chez DC. Ce sont même des épisodes qui demandent beaucoup d’indulgence et qui dilapide la sympathie et l’intérêt que nous pouvons porter à ces personnages. Pourtant, Rogers/Engelhart seront ceux qui auront fait pour le mieux en ce qui concerne l'héritage de Kirby, avec une petite poignée d’épisodes très inspirés.

Mister Miracle n’aura cessé, au cours de ses 16 premiers numéros par son créateur, à s' échapper à tous les piéges les plus tordus que lui auront dressés les sbires de Darkside ou des hommes puissants et fous. Le ressort de Mister Miracle consiste à s’échapper à des pièges bigger and better. Engelhart suit les pas de Kirby mais il change un élément de l’histoire : cette fois, ce sera Mister Miracle qui partira débusquer ses ennemis et il ne veut plus subir.

L’ère Engelhart commence donc avec l’enlèvement puis le conditionnement de sa femme, Barda. Scott Free voit rouge et il part investir Apokalips (déconseillé par les guides touristiques de DC). Un des périples qu’il affronte consiste à se voir attaché chaque bras sur une fusée différente qui vont l ‘écarteler. Le bigger and better est donc une formule assimilée par Engelhart et elle fonctionne bien. Le trait de Marshall est plaisant, mais son interprétation de Darkside ne fonctionne pas très bien, un minuscule impair sur une belle prouesse graphique…

  Marshall Rogers connaît son moment de gloire, mérité. Mais hélas il n’a pas très bien géré sa carrière puisque celle-ci ne va le porter au pinacle qu’il aurait dû attendre, quelque part près d’un George Perez ou d’un John Byrne. Nous verrons pourquoi sa carrière s’est enlisée mais pour le moment, retour sur la quitessence du Batman des années 70...

 

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