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18 février 2009 3 18 /02 /février /2009 08:00

6ème partie : Joe Quesada : une ère inachevée !


J’apprécie, pour pouvoir statuer ou donner un avis construit, que la personne sur laquelle je porte un jugement ait fini son cycle.

Or, ce n’est pas le cas avec Joe Quesada, qui a été nommé en 2000 à la place de Bob Harras, considéré comme responsable de l’hémorragie des ventes mais surtout de la faiblesse du contenu des titres de Marvel.

Mais plus encore, l’étoile de Marvel auprès des créateurs est ternie : implication de l’éditorial de plus en plus forte, parfois dans de mauvaises directions, relations difficiles et irrespectueuses avec les auteurs.

En outre, avec les revues et les fanzines qui se sont multipliés, les fans savent ce qui se passent en interne et tout cela n’est pas joli joli.

Il était temps que quelqu’un vienne avec des idées nouvelles, du sang neuf ainsi qu’une nouvelle attitude vis à vis des créateurs.

C’est là que Joe Quesada surgit. Mais va-t-il être le « chevalier Marvel » qui va révolutionner l’entreprise ?


Tout d’abord, un petit rappel de la situation qui n’est pas facile : Mavel est passée à côté de la banqueroute et l’entreprise mise davantage sur ces personnages en termes d’actifs de société que sur les auteurs.

Aussi, la direction de Marvel ne voit ces personnages que comme une manne de licences possibles pour le cinéma ou en produit dérivés, ce qui est peu engageant.


En outre, le supérieur de Joe Quesada est Bill Jemas. Formé dans de prestigieuses écoles américaines, Jemas se pique au jeu et comprend que l’essence de Marvel publication, le contenu, est en péril. Il prend alors la décision de secouer le cocotier et cela ne fut pas une mauvaise chose.

Tout le monde se souvient des recrutements des grands talents (Straczinski sur Spider-Man, Morrison sur X-Men, Mark Millar, Garth Ennis et encore le fidèle et incroyablement productif Bendis). Marvel, de la bouche même de Joe Quesada, s’était parfois mal comporté avec les auteurs, et il convient donc de réparer quelques affronts et torts. L’attitude est fort louable et on se mit à espérer. Marvel se mit alors à débaucher des éditeurs qui ont excellé dans le contenu créatif chez son concurrent de toujours, DC, mais dans la branche Vertigo.


La volonté affichée était enfin d’innover, d’en finir avec les veilles recettes faciles telles que la saga des clones ou le dernier X-événement à la noix. Jusque là, il convient d’admettre qu’un souffle nouveau rendait les comics Marvel intéressants et ils damnaient le pion à ses concurrents en terme de sensationnel.

Peut-être que la recette Ultimate n’était pas aussi révolutionnaire que cela, mais The Ultimate de Millar est une incontestable réussite créative comme la firme en a rarement connue.


Toutefois, le bouillonnant Bill Jemas défie les fans, les provoque et joue avec le buzz qui est inhérent à Marvel. Le style de Marvel joue en effet sur un registre bien rodé : on va vous sortir une histoire incroyable qui va vous scotcher, genre Civil War ou Planète Hulk, les fans achètent en masse puis, un peu lorsqu’on va au Quick ou au Mac Do, on se rend quand même compte après la digestion que ce n’est pas terrible.

Si vous vous prenez de passion pour ces histoires, tant mieux, mais j’en connais qui regrettent un peu leurs achats multiples et onéreux.


Mais Bill Jemas fait trop d’écarts, il lasse en haut lieu et son éviction est proche.

Marvel continue à s’agiter, bien mieux que DC qui a toujours eu une réputation monolithique, et la firme communique : elle est présente sur le terrain du 11 septembre, ses X-Men ont enfin quelque chose de nouveau et de consistant à proposer, bref, l’ère de Joe Quesada ou du moins son commencement est réussi.


En revanche, l’événement qui va secouer la firme demeure les adaptations ciné qui, après une longue suite de marasmes et d’échecs artistiques sans précédents, connaît un cycle glorieux avec les X-Men puis le Spider-Man. Les succès sont tels que Marvel regrette même d’avoir licencié à des studios extérieurs les droits de ses titres ! Rappelons que trouver un studio qui soit respectueux était alors le souci numéro 1 des cadres de Marvel, bien que Marvel ait des clauses contractuelles qui lui permettent de s’impliquer dans le développement de ces films.

Même si Dardevil, Ghost Rider, Elektra et Hulk sont loupés, la machine à cash est lancée, et les bénéfices sont sans comparaison en regard des bénéfices de la branche comics.


Et oui, nos chers comics Marvel ne constituent plus qu’une ressource secondaire, plus si capitale que cela et qui doit, là est le but secret, créer de nouveaux concepts même si la terminologie licence est plus exacte.

Joe Quesada s’agite, il se met en avant dans tous les plans médias possibles et il paye de sa personne.

En revanche, il demeure de moins en moins présent dans la gestion pure de l’événementielle ou de la surveillance éditoriale, qui doit être à elle seule un sacré travail. Les rumeurs chez Marvel sont mauvaises, des éditeurs peuvent perdre leur job s’ils ne sont plus dans le coup et ils harcèlent les artistes avec des demandes confuses.

Bref, à part si on est une super star genre Bendis, la vie n’est pas rose dans les bureaux de la maison aux idées. De plus, celle-ci n’a plus le souffle du début de l’ère de Joe Quesada et les réussites du début sont désormais des souvenirs éthérés.

Certes, la mort du Captain America est bien menée, certes, Bendis assure toujours autant, mais le renouvellement des idées et des créateurs tarde quelque peu. Les grands crossovers sont mieux ficelés mais ils déçoivent parfois (House of M).


Après 8 ans de l’ère Joe Quesada, Comics Box 56 livre une interview de ce cher communiquant qui est ébouriffante, un monument stupéfiant qui dessert totalement Quesada.

Il raconte, en substance, que Marvel est une firme incroyablement réactive et que si les lecteurs se lassent des super héros et qu’un nouveau créneau est trouvé, tous les titres de la gamme passeront à la trappe pour le nouveau genre en question.

Les propos de Joe Quesada sont déclamés avec tellement de bonhomie que l’homme ne se rend pas compte qu’il se tire une balle dans le pied.

Quand l’intervieweur lui demande quels évents vont secouer Marvel, Joe Quesada botte en touche et il déclare que les gens du marketing ont prévu quelque chose (mais quoi ?) !

EDIFIANT !


Certes, les ambitions du début sont loin, dépasser le seuil des 100.000 exemplaires pour renouer avec des tirages plus forts, certes Quesada a un temps fait bouger les choses, mais la situation actuelle de Marvel, et surtout ses dires incitent à une certaine prudence envers celui que tous les médias présentaient comme celui qui allait faire bouger les choses (pour une autre orientation vers le soleil ?). On est dans le décevant, dans l’ère des grands coups marketing et médias mais on s’est éloigné des nouvelles approches, des auteurs qui ont quelque chose à apporté de manière sereine et prérenne.


Je reste plus que circonspect pour Joe Quesada, jadis brillant dessinateur (il le demeure) puis éditeur avisé de Marvel Knight (une excellente série : Dardevil). L'homme est clairement dépassé par ce qui se passe en interne et il aide à diriger le bâteau, ni plus ni moins. Il ne connait pas très bien le contenu de ses publications et sa tâche semble vouée à prendre des décisions à grande échelle puis communiquer sur ces merveilleux personnages. Donc, le souffle des débuts et loin.

Bref, si Marvel De Joe Quesada a eu son Ultimate, elle n’a en revanche toujours pas eu son Watchmen, et je ne le vois pas venir.

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commentaires

B
Oulà, c'est ma semaine à erreurs !<br /> <br /> Merci Shadow fox pour la rectification !<br /> <br /> Je suis d'accord avec Coverdale, il y a des fautes <br /> parfois qui sont regrettables. Je ne les vois pas à la relecture. Ts, ts...
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S
Petite erreur : Joe Quesada n'a pas été nommé en 2000 à la place de Bill Jemas mais bien de BOB HARRAS.
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B
Oups ! Désolé Fred pour ces trois malheureux mots mis sur Buzz comics. Il n'y a pas de doute que tu es éditeur et que une belle dynamique éditoriale est lancée.<br /> <br /> Je traite justement de Golden comics no 1 dans 15 jours !
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F
Salut Bastien T'a été pécher ou que j'avais pas le Statut d'éditeur ? Franchement j'ai pas une Tune mais de Statut j'ai toutes les charges et autres contrainte alors je suis pas sur que se soit me rendre service que de me faire passer pour un branquignole sur les forums... Je passe 10h par jour a essayé de faire vivre ma boite d'édition... UNIVERS COMICS UNLIMITED EST UNE MAISON D EDITION AU MEME TITRE QUE PANINI OU CASTERMMAN sauf que moi je dois jongler avec des centaines d'euros lorsque les autres jongles avec des millions sinon c'est la même chose alors merci de ne pas parler de manque de Statut... Mais de manque de moyens qui seront résolu si je reçois le soutiens d'un maximum de soutiens de fans et de ventes...
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