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28 mai 2009 4 28 /05 /mai /2009 08:00

4ème partie


Après son contrat de 5 ans chez DC comics, qui ne fit ni plus ni moins que de créer et de développer un pan entier de son univers, Jack Kirby retourna chez Marvel qui avait entre-temps bien changé.

Parti comme la figure de proue de la firme, Jack Kirby ne revint pas dans les meilleurs conditions.

Il put, encore une fois, développer et créer ses propres séries. Mais Jack Kirby demanda deux choses qui parurent aberrant pour la direction : d’une part le retour de ses planches originales, et de l’autre la rétrocession des droits d’auteur qu’il s’estime en droit de demander.


-Les planches originales, tout comme les comics signés, n’étaient considérés dans les années 60 comme dépourvus de valeur. Je suppose que si Jack Kirby les avaient demandées à l’époque, leur restitution n’aurait été qu’une formalité administrative.

Or le marché s’est développé, initié sans doute par des marchants assez malins et le phénomène avait alors pris de l’ampleur : les planches originales furent soudain devenues des objets d’art et un marché, mais surtout une prise de conscience artistique avait eu lieu.

-Les droits d’auteur sont un sujet épineux pour Marvel, davantage pour la direction et l’encadrement que pour les créateurs, les deux parties étant d’ailleurs opposées.


La direction de Marvel, situons-là au-dessus des éditor in chief, était dans un grand embarras :

Jack Kirby a quand même co-crée une énorme partie du cheptel qu’elle exploite, et on ne lui a jamais rien versé alors que, à titre d’exemple, l’affaire des droits de Superman initié par Neal Adams avait connu un certain retentissement qui allait bien au-delà du petit monde des comics et qui octroya finalement le versement de rentres à vie à Joe Shuster et Joe Siegel.


Mais notre fameuse direction de Marvel n’avait alors qu’une visée :

Ne rien donner ni rétrocéder à Jack et surtout pas le considérer comme auteur mais bien comme employé. Ce fut donc le début d’une longue bataille juridique, le pire de l’Amérique en somme mais aussi de tout système légal, et la direction trouva un biais pour s’arroger un accord léonin, quoique toujours secret encore à l’heure actuelle : si Jack Kirby souhaite retrouver ses planches, il devra signer un accord le dépouillant de ses droits.

Beau geste de la part de Marvel dont les effets juridiques courent toujours et qui permet de générer sur ses personnages des bénéfices colossaux sans qui l’un de ceux ces personnages ne serait rien ne touche rien, ni lui ni sa famille !

 

L’autre volet absolument choquant de l’affaire demeure que les planches en question furent allégrement pillées, on ne peut penser qu’à des gens du staff de Marvel, et elles allèrent donc alimenter le marché des planches originales au nez et à la barde de la famille de Jack Kirby.

Il est donc de commune renommée que des planches actuelles sont susceptibles d’avoir été volées.

Jack Kirby a vraisemblablement perdu ses droits d’auteur, il ne touche rien sur les films (en l’occurrence sa famille) et la contre-partie de son litige ne lui aurait rendu en gros que 10 % des planches. Une infamie pure et simple qui suscite encore des effets chez les créateurs.

Ainsi personne n’est trop pressé de créer des personnages originaux pour les offrir à Marvel, la maison des idées que l’on s’approprie de cette manière, et d’ailleurs, la dernière grande vague de personnages originaux date à mon sens des années 70’.

Etonnamment, le dernier personnage à potentiel demeure à mon sens Venom, dont le co-créateur, Todd Mac Farlane, publia un assez ironique épisode dans Spawn 10, avec un scénario très malin de l’auteur de Cerebrus.


Et notre « Roi » des comics ?

Il fut en effet bien mal récompensé par la firme qui construisit sa prospérité sur son talent, et qui l’exploite encore. Il partit au terme de ses deux années deux contrats, dont on dit par ailleurs que la nouvelle direction éditoriale lui aurait causé quelques menus soucis, histoire sans doute de noircir ce tableau.

Jack Kirby alla donc œuvrer chez Ruby spear, un studio oeuvrant dans les dessins animés pour les networks américains. Bien qu’âge, que quelque peu handicapé par l’arthrose.

Il aida un autre confrère d’infortune qui nous a récemment quitté, Steve Gerber, et il accepta de dessiner gracieusement le fameux Destroyer Duck 1.


Le litige qui  opposait Steve Gerber aux éditeurs de Marvel était bien sûr le même que celui de Jack Kirby : les droits exclusifs et sans restrictions des personnages créées.

Un détail cependant, Jack Kirby avait accepté de reprendre les crayons pour un éditeur nouvellement créée, Pacific comics, qui donnait aux créateurs les droits de leurs personnages ainsi qu’une rétrocession sur les bénéfices.


Mille fois hélas, ces comics coûtaient plus cher que les prix pratiqués par Marvel ou DC, les auteurs ne jouaient que peu la carte du super héros qui auraient pu permettre à la compagnie de s’implanter et les auteurs, Jack Kirby comme Neal Adams, n’étaient pas au mieux de leurs formes… Image comics viendra cependant transformer avec éclat cet essai.

Jack Kirby produisit donc Captain Victory, Silver Star qui n’eurent pas l’éclat de ses créations d’antan. Il fit un petit tour pour trois numéros chez Image puis chez Topps comics.

Jack Kirby nous quitta donc en 1994 et, en plus de la tristesse d’avoir perdu un grand monsieur, un constat s’impose : Jack Kirby était le génie des comics du 20ème siècle !

Qui sera celui de notre siècle, et surtout, sera-t-il mieux traité ?

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commentaires

S
Silver Star s'est d'ailleurs achevé très récemment en VF, dans le numéro 8 du Strange d'Organic Comix. C'est vrai que ce n'est pas le meilleur de Jack Kirby, mais il avait quand même de beaux restes.
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