Film britannique assez surprenant, Black death aborde le sujet de la peste noire tout en proposant une histoire humaine et épique assez intéressante. Un petit rappel historique de ce que fut la peste au XIVème siècle…La peste bubonique fut un fléau hérité d’Asie qui fut ramené par les Génois en 1347. Mortelle, foudroyante, véhiculée par les rats et par des conditions d’hygiène un peu près inexistante, on estime que la peste provoqua la mort de 30 à 50 % de la population européenne, soit 25 millions de victimes. Outre le fait que chacun s’en remettait à Dieu, la peste se propagea partout, notamment par ceux-là même qui voulaient fuir cette pandémie. Elle arriva donc entre 1960 et 1969 en Angleterre, là où se déroule précisément notre histoire.
Dans un couvent de la province anglaise dont les effets de la peste ont même causé la mort d’un moine, le jeune Osmond rejoint sa bien-aimée pour l’enjoindre de fuir. Peu après, il se dévoue pour emmener une troupe de chevaliers ou soldats de dieu, menés par Ulric (interprété par Sean Bean), qui a pour mission d’enquêter sur un village reculé et mystérieux qui a inexplicablement échappé à la peste. On raconte même que la population de ce village aurait pactisé avec le diable et qu’un nécromancien, capable de faire revivre les morts, domine ce village.
Notre brave Osmond, qui a donné rendez-vous à sa promise dans les environs de ce village maudit, accompagne donc cette troupe d’hommes de dieu au comportement frustre et aux manières brutales qui lui feront peur. Mais est-ce que ces croisés seront de taille face à ce qui se dissimule réellement dans ce village ? Par quelle magie, en effet, ce village a effectivement échappé à toute contamination ? Quel pouvoir secret règne dans ces lieux ?
Black death est un film de qualité qui, sous le couvert de film d’aventure, parvient en effet à s’extirper par moments à son statut de film de série B pour renouer avec les faits historiques notamment en rappelant de ci de là le Nom de la rose. Un certain réalisme s’oppose à une introspection des pratiques maléfiques et, de cette confrontation, le point de vue du film se permet un jugement assez judicieux et cassant pour la société de l’époque. Une société figée où le moindre écart vous envoie à la question (comprendre la torture), la crucifixion ou encore le bucher. Et dans cette société de conformité absolue, où la peste menace de vous emporter à tout instant, quelle alternative reste-t-il ? C’est à cette question pour le moins prenante que demeure l’essentiel de la thématique du film, fort aéttrayante, et qui permet à Black death d’être réellement intéressant.
Entre autre atouts, le casting du film demeure également réussi puisque le film est porté par les épaules de Sean Bean. Acteur arrivé par hasard, suite à une blessure sportive, à l’univers du théâtre, Sean Bean a bénéficié d’une solide formation shakespearienne et cela se sent dans des rôles à forte dimension dans lesquels il excelle. Citons sa participation récente à la première saison de Games of Throne ou encore Boromir. Un acteur complet, puissant, qui a désormais assez d’expérience pour incarner un rôle avec sa seule présence, un jeu minimaliste mais qui occupe l’écran.
A côté de lui, le jeune Eddie Redmayne propose un intéressant contrepoint dans le rôle du jeune moine Osmond qui va vivre là la plus grande aventure de sa vie. Quel sera la réaction de ce jeune moine qui n’est presque jamais sorti de son couvent sinon de la ville qui l’abrite ? Quelle sera sa réaction face à la « nécromancie » ? Une belle prestation pour ce jeune acteur né en 1962 auquel le scénario de l’italien Dario Poloni donne un destin pour le moins intéressant…Entre Candice Van Houtten au rôle vénéneux, la troupe de soldats d’Ulric comporte un acteur non identifié par mes soins (à vous de jouer !) qui ressemble énormément au regretté Klaus Kinski dans Aguirre, la colère de dieu. La ressemblance est même si frappante qu’elle m’intrigue encore !
Une réalisation sérieuse de la part Christopher Smith, le réalisateur de The Creep et Severence et le très original Triangle, Black death est une œuvre intéressante qui aborde un sujet un peu oublié sous un angle intéressant. N’ayant que fort peu d’œuvre qui s’apparente réellement à ce genre, je vous laisse donc le soin de vous faire vous-même votre propre opinion. Que ce soit du film…ou de la religion telle qu’elle nous ait montrée dans Black Death !