L’après Cannon fut bien sûr très dur pour les cousins Golan et Globus qui ont du se quitter. La chute de la Cannon a révélé le vrai modèle économique de la firme. On monte un projet, puis on convainc les investisseurs de mettre la main au portefeuille et advienne que pourra ! Dans le milieu, on préfère, lorsqu'on exécute une prestation pour la Cannon, être payé par avance et en espèces ! Ou alors encaisser le chèque le plus vite possible !
De toute façon, la Cannon fut belle et bien broyée dans l'un des multiples et complexes montages financiers de Paretti et Fiorini.
La firme fut pratiquement dépouillée de tout actif, catalogue de films et immobilier, de toute réelle capacité de sortir ses productions au cinéma, aussi il ne lui resta plus guère que la vidéo…
Menahem Golan tenta donc une nouvelle aventure, la 21st Century film corporation.
La 21st Century film corporation est une firme que Menahem Golan obtint en compensation de son départ volontaire de la direction de la Cannon films (où resta son cousin).
Ce dédommagement négocié avec Paretti fut assorti de quelques projets qui étaient en route déjà chez Cannon films. Menahem Golan obtint donc, par contrat, la version du Fantôme de l’opéra avec Robert Englund, auréolé par le succès de Freddy Krueger mais, encore une fois, ce film ne tint pas ses promesses en salles bien qu’il sortit en France, distribué par Gaumont.
La 21st Century film corporation produisit comme film notable le remake de La nouvelle version de La nuit des morts vivants. Bien que le résultat fut très bon, cinématographiquement parlant, son réalisateur Tom Savini en parle encore comme un tournage de cauchemar avec des séquences entières qui lui étaient enlevées par les exécutifs à cause d’un budget, comme toujours avec Golan, revu chaque fois à la baisse avant le tournage…
Une des très rares productions de la Cannon qui fut intéressante lors de cette période est le second film que l'acteur Jean-Claude Van Damme doit à la Cannon après avoir signé un contrat pour trois films avec cette firme (le premier étant Bloodsport et le troisième sera Coups pour coups).
Le budget était d'une grande modicité, on parle de 500.000 $, salaire de la star compris. Aussi JCVD demande le réalisateur Albert Pyun qui tourna dans des studios délabrés, avec très peu de moyens, mais pour un maxi-résultat à l'écran dans cette très intéressante variation d'un western italien sauce mad max...
Si Chuck Norris bénéficia d'un gros budget pour Delta Force 2, qui fut un flop, Van Damme et Albert Puyn se démenèrent comme des forçats pour un résultat plus qu'honorable qui fit un carton, peu en salles, mais qui fut incroyablement lucratif en location et à l'international...A noter que le titre de production de Cyborg fut Les maîtres de l'univers 2 car la volonté de donner une suite peu onéreuse au film de Dolph Lundgren fut très forte ! Il semblerait même que certains pays étrangers aient gardé ce titre !
Ajoutons l’anecdotique Captain America qui, si il réunit un casting prestigieux en termes d’acteurs secondaires, semble désespérément manquer de moyens ce qui se ressent à tous les niveaux de ce film, porté à bout de bras par les efforts désespérés de son réalisateur, le pourtant très capable Albert Pyun.
La raison ? Elle nous a été récemment dévoilée par son réalisateur, et relayée en France par l’excellent site Forgotten silver : le tournage a commencé sans budget et le producteur exécutif du film, en plein tournage, allait tenter de ramener l’argent en convaincant des investisseurs privés…Comment réussir un film dans de telles conditions ? Afin de rappeler quand même un élément capital du caractère flibustier de Menahem Golan, l’aspect financier de ses productions tient donc du grand écart avec la morale.
Ainsi, sur le Black cat de Luigi Cozzi, pas grand monde ne fut payé…
La méthode de Golan consistait à diviser au maximum les droits des films (salles, vidéo, câbles, étrangers, merchandising…) à différents acheteurs afin de réunir par préventes le maximum d’argent.
Ce type de montage, coutumier déjà à l’époque de la Cannon, plaça donc le projet Spider-Man dans un imbroglio que seule une faille dans contrat initial permit de l’extirper…
Anecdote amusante, il y eut même un film sur la Lambada qui connut un timide succès au box-office américain. Si fait que son cousin Yoram Globus en fit un lui aussi ! Et cette concurrence de fait les plaça même en indélicatesse. Après le tout dernier Justicier dans la ville, le cinquième et ultime, la 21st Century film corporation ferma à son tour ses portes malgré les efforts de Menahem Golan pour proposer des films strictement commerciaux, contrairement aux flamboyantes années Cannon, déjà lointaines, où le cinéma d’auteur était de mise…
A partir de cette date, le parcours de Menahem Golan reste assez obscur tant les films qu’il proposait ne reposait que sur des affiches mal foutues, qui réunissaient tant bien que mal, des vieilles stars sur le déclin, dont le visage était maladroitement collé sur un corps musclé afin de rester sur le créneau du moment : le film d’action brute et méchant. Alors que Menahem Golan connut la folie des grandeurs, on le rencontrait alors sur un stand tout petit avec ses flyers pathétiques qui ne faisaient aucunement illusion…Une période de déche qui voyait logiquement la fin pour bonimenteur qui pouvait, naguère encore, monter un projet improbable de Godard signé sur un coin de table au Carlton à Cannes…