3-La Cannon films, premiers pas de nos deux flibustiers.
Le cinéma devient un marché de produits qui connait enfin un nouvel élan dans son modèle économique : le marché de la vidéo offre de nouveaux débouchés pour les films, les chaines du câble sont également demandeuses et les genres sont clairement identifiés. Prudents, les premières productions auront des coûts limités et les plus gros budgets de la firme ne devront pas dépasser 5 millions de $. La demande parait simple et, si La Cannon affichera plus tard des prétentions artistiques, ce seront toujours des films voués à l’action qui permettront à la firme de remplir positivement son tiroir caisse.
Justement, Menahem Golan a un coup de génie ! Sur un scénario du karatéka Mike Stone que lui a remis sa directrice de production, Golan « sent » un nouveau filon du film d’action. Ce sera donc Enter of the Ninja avec Franco Nero en tête d’affiche (en remplacement de Mike Stone jugé trop piètre acteur lors des premiers jours de tournage) !
Premier succès important dans le circuit du film d’action, nouveau créneau défriché, suivi par l’ultra efficace Ultime Violence avec Sho Kosugi qui demeure encore de nos jours une petite bande d’action ultra nerveuse, inventive, percutante et réellement enthousiasmante ! Dès lors, la Cannon films peut faire feu de tout bois en lançant par exemple la franchise Hercule avec Lou Ferrigno qui émule à la fois de Star wars et de Conan ! Des petits budgets, certes, mais qui connaissent une belle rentabilité dans un premier temps en salles, modeste mais appréciable à leur échelle de production, puis sur le marché de la vidéo qui connait alors un grand boom qui était alors très demandeur et enfin à la télévision ! Notons également que les productions Cannon films sont également des films érotiques, L’amant de Lady Chatterley, Graine d’amour ou encore des slashers alors bien dans l’air du temps tels que Schizoïd ou les Yeux du mal.
Toutefois, le coup de génie d’alors de Mehanem Golan vient de la volonté de se hisser au rang des majors en obtenant un succès de premier plan. Cela devint d’ailleurs la griffe de la firme, produire des films ou des suites avec des stars ou des franchises un peu passées mais dont l’aura reste grand (rappelons en cela l’exemple autrefois probant de Lepke le caïd avec Tony Curtis). Ce premier grand succès d’envergure a eu lieu avec le second épisode du Justicier dans la ville, avec Charles Bronson.
A l’époque du premier opus du justicier dans la ville, Charles Bronson avait une belle carrière en Europe avec notamment des succès européens tels les films d’Henri Verneuil. Lorsque Warner lui avait proposé le script du premier opus, son agent et sa femme étaient contre ce manifeste de l’auto-défense. Bronson suivit son instinct et accepta finalement. Il connut un gros succès et put à nouveau poursuivre une carrière américaine. Bien que le personnage de Paul Kersey n’était pas voué à connaître d’autres développements scénaristiques, on remit le couvert puisqu’après la mort de sa femme, il restait sa fille !
La Cannon ne s’embarrassa pas de ces incohérences ou des invraisemblances ! Ce sera d’ailleurs à la fois sa marque de fabrique mais également l’une des nombreuses critiques adressées à la firme Cannon, qui était vue d’un mauvais œil… Toutefois, Cannon connut un premier vrai succès avec ce film, à l’échelle des majors, et cela lui ouvrit la porte pour d’autres productions plus ambitieuses.