1ère partie
Frank Cho est un artiste d’exception !
Certes, ce terme est un peu galvaudé puisque l’on peut l’employer pour pas mal de nouveaux artistes qui font leur apparition et qui présentent un grand talent graphique.
Mais Frank Cho demeure bien plus que le nouveau talent graphiste prometteur qui vient de percer chez Marvel, Image ou DC. Non, Frank Cho n’est pas exactement venu aux comics avec pour vocation de dessiner du super-héros, il s’était déjà formé aux comics strips, avec maestria.
Frank Cho est encore un cas de ces enfants précoces qui s’amusent à dessiner un peu partout sur des cahiers parce que cela est chez eux inné. C’est cruel pour ceux qui suent sang et eux mais il semble que la vocation de ce natif Coréen, né en 1971 et arrivé aux USA en 1977 était déjà toute tracée.
Frank Cho découvrit donc toute la culture graphique de comics strips (très variées aux USA dont les plus glorieux sont les Penauts et Garlfield, parmi tant d’autres) mais aussi d’autres artistes tels que Frazetta.
En tout cas, sa carrière artistique entra en contradiction avec ses études puisque Frank Cho dessina autant qu’il put pendant son cursus solaire puis universitaire. Il fut poussé et motivé par ses parents pour tenter de devenir infirmier mais l’envie de faire jaillir des personnages de son esprit vers le papier était déjà le plus fort.
Aussi il participa à plusieurs fanzines universitaires dont « The owl » puis le journal universitaire du Maryland.
Ses premières œuvres, déjà maîtrisées, lui permirent de prendre contact avec les syndicats d’édition pour son premier comics strip, le fameux University Square qui contient l’ensemble de son œuvre actuelle, à la fois ses personnages, son style, son humour et ses « obsessions ».
University 2 demeure en quelque sorte son œuvre de jeunesse, mais une œuvre déjà maîtrisée de bout en bout et qui s’inscrit immédiatement dans la cour des plus grands, une performance rarement égalée !
University square présente donc une galerie pas possible de personnages puisque, dés les premières pages de cette histoire, des savants en biologie se demandent où sont passées les drogues qui leur servent à mener à bien leurs expériences ?
Autre détail, ils se demandent aussi où sont passés les animaux de laboratoire qui doivent leur servir de cobayes pour ces mêmes drogues et autres injections ?
La réponse est simple, les seconds ont ingérés par accident les drogues et ils se mettent à parler, à exprimer une conscience et une personnalité.
Ni une, ni deux, ils partent de là pour échouer dans une université où pas grand monde, finalement, ne s’étonne de converser avec des animaux qui peuvent parler et remplir des formulaires d’adhésion !
On a donc le droit à une belle galerie de personnages bien loufoques comme il faut, notamment le crapaud hypocondriaque, le petit ours de cirque bien frappé et Dean, le petit porc amateur de bière, d’alcool et de femmes.
L’humour et le style de Cho sont déjà parfaitement au point.
Il s’agit d’un humour hystérique, dysfonctionnel qui plonge ses personnages dans de savoureuses situations. Dean se prend veste sur veste avec les femmes, ils trouvent tous un bon pote de cuite avec Tony, un étudiant dont les deux yeux regardent dans des directions différentes (comme un caméléon !) mais il y a surtout Frank.
Frank est un petit canard, une sorte de personnage neutre et vierge qui est loin de la fureur de ses pairs. Il est timide, rempli de qualités « humaines » mais surtout, il rencontre et il tombe éperdument amoureux de Brandy, l’égérie absolue de notre cohorte d’animaux déchaînés.