Les bases de l’empire actuel de Marvel, qui va sans doute devenir un géant de l’entertainment mondial durant ce siècle, si la réussite des adaptations au cinéma sera aboutie, n’a pas été dès le départ la firme no 1. Il s’agit même d’une structure fort modeste qui fait comme les autres tel que Victor Fox ou Everett Arnold . Elle prend le train en marche et tente de profiter de ce boom d’édition que demeure les comics.
L’entrepreneur de Timely est Martin Goodman, il a commencé dans le pulps avec des associés mais il tente de faire fortune seul. Pour cela, il fait rigoureusement comme les autres, il fonde une société d’édition puis choisit un studio artistique prestataire de services pour avoir un contenu artistique à publier. Ainsi techniquement, le no1 de Marvel comics n’est pas une création en interne mais bien la création d’un studio indépendant du marché. Ce premier numéro atteint quand même le score de 80.000 exemplaires et d’autres créations sont lancées de la même manière. Vous connaissez sûrement Ka-zar, Namor, Human Torch. Ils ont tous un succès honorable, mais ils ne sont pas les locomotives du marché actuel. En revanche, un héros qui obtient un titre et qui demeure relativement anonyme de nos jours se nomme Red Raven (vu dans un vieux back-up avec Angel).
Martin Goodman ne se démonte pas. Ce qu’il veut ? Obtenir des résultats ou plus exactement des gains. Il engage pour cela une paire créative de grand talent qui intègre l’éditorial pour produire ses comics en interne, Joe Simon et Jack Kirby. Les deux hommes vont élaborer et mettre au point Captain America, un héros qui surfe sur le souffle et la ferveur patriotique de la seconde guerre mondiale. ¨Pour la première fois, Goodman tient un hit, le comics se vend à 1 million d’exemplaire. Tout le monde est ravi, quoique ce margoulin de Goodman sursoit automatiquement pour reverser les bénéfices à la paire créative. Le stratagème est vite compris par les deux hommes, qui claquent la porte et vont vivre une belle épopée éditoriale de leur côté.
Captain America vient donc d’une entourloupe envers Jack Kirby par Martin Goodman, ce ne sera pas la seule, ironiquement. Martin Goodman est un requin et il semble que ce soit la norme dans cette belle Amérique qui a connu les affres de la grande dépression.
Mais Timely a d’autres cordes à son arc et, comme rigoureusement tous les autres acteurs du landernau, elle produit ce qui fonctionne et le super-héros n’est qu’une composante du marché ! Nous voyons apparaître des funny comics (la norme), des western de guerre (tout le monde en a aussi), des western (le mythe du vieux ouest est encore très présent, leurs ultimes acteurs sont mort il y a peu). Les super-héros sont passés de mode et ils connaissent un hiatus, en 1949, Captain America, Humain Torch et les autres sont relégués au passé.
IlIL est réducteur de n’envisager Timely que sous le prisme du super-héros, loin de là. Ce fut le genre à l’origine du succès de la firme mais pas la seul domaine à exploiter. Ainsi le lectorat féminin n’est pas oublié avec l’infirmière de nuit, ou encore la plantureuse Blond Phanthom, adaptation du justicier urbain en mode plus glamour. Les funny animals ont tous un clone de Superman en animaux, Timely propose le sien. Bref, quand il y a un créneau, une niche, Timely l’exploite en espérant récupérer les meilleurs morceaux, quoique n’ayant pas forcément les meilleurs artistes (Martin Goodman visait plus les profits que les investissements). Ainsi, nous pouvons dénombrer une multitude de créneaux qui sont le sport, les récits bibliques, les aventures d’ explorateurs ou encore les récits de chevaliers (dont est issu une première mouture du chevalier noir !).
Bref, Timely n’a pas de réelle identité propre, n’est pas encore bien identifiable par le grand public et leur seul succès, Captain America, s’est évaporé. Certes, il a vendu des centaines de milliers d’exemplaires, certes il a été adapté en sérials, mais la guerre se finit en 1945 et le lectorat passe à autre chose, à un nouveau créneau que Timely s’empresse de découvrir afin d’exploiter. Justement, à la tête de Timely, en qualité d’éditeur en chez et de scénariste principal, se trouve le jeune et pas très coûteux Stanley Lieber qui est entrer comme « gofor » (stagiaire nommé va donc) en 1941 et qui nourrit des ambitions littéraires. Autant dire que ce n’est pas la Timely d’alors, boîte miteuse et à mauvaise réputation dans le milieu, qui va le satisfaire.
Même si ces débuts ne sont pas glorieux, la suite sera encore plus intéressante avec un nouveau nom, un volume de production incroyable, une débâcle due à un diffuseur véreux et le retour du prodige Jack Kirby…Note : Pour mieux connaître cette période fort intéressante, je vous recommande vivement de commander l'indispensable ouvrage de Francis Saint Martin, au prix de 8 euros + 1.5 de port à Mr Francis Saint Martin, 1 avenue du Dr Dhers, 64300
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