Voici un grand film, voire une grande œuvre, qui traite d’un sujet fort avec quelques handicaps : l’histoire est nébuleuse, éthérée, le budget est faible, et il s’agit d’un des pires genre du cinéma pour la reconnaissance critique : le gore !
Analyse sur un grand film qui sublime son matériau de base.
Tout d’abord, revenons sur Lucio Fulci. Il s’agit d’un artisan du cinéma italien qui n’a pas atteint la caste prestigieuse des auteurs tels que Felini. Issu de ce bouillonnant univers bigarré, Lucio Fulci a œuvré sur ce que l’on lui proposait, essentiellement des comédies ou des films yéyé. Mais il bouillait en lui la volonté de montrer ses capacités, alors il produisit avec quelques
amis un western très intéressant, le temps du massacre.
Cette première vraie œuvre montre déjà les dispositions étonnantes de Fulci : réalisation nerveuse et maîtrisée, sadisme, efficacité et un sens de l’action que l’on
retrouvera chez John Woo.
Lucio Fulci traversa ainsi tous les courants du cinéma Italien avec notablement du talent et de l’efficacité dans des genres tels que le Giallo, le Policier, le Western et la comédie.Un solide artisan qui fait au mieux avec les moyens dont il dispose sur le moment.
Il va connaître un creux dans sa carrière vers 1978 mais un producteur opportuniste va le contacter pour réaliser un petit film de zombie qui doit profiter du prochain choc de l’horreur, Zombie de George Romero.
Lucio emballe le film et surprise, l’enfer des zombies. Il s’agit d’un film excellent, pas une œuvre car la thématique reste faible, mais un film d’une redoutable efficacité, avec une photographie superbe et une sublime musique !
Lucio Fulci venait de se découvrir des dispositions dans les films d’horreurs. La dernière vague concernait les films gothiques avec Barabara Steele. Lui va renouveler
ce genre avec un déferlement de gore et de violence.
Malgré le talent évident et le succès mondial, modeste mais présent pour ce circuit de film d’horreur. Aussi après Frayeurs, Lucio va remettre cela avec un film puissant qui pourrait vous marquer : l’au-delà !
L’histoire tourne autour d’un hôtel de la nouvelle Orléans qui abrite une porte de l’enfer. Vers 1927, un peintre maudit produit des visions de l’enfer, ou plutôt de l’au-delà. Mais les habitants le massacre lors d’une séquence très gore. En 1980, une belle et fort distinguée héritière veut rouvrir l’hôtel, mais il semble qu’un volonté maléfique veuille l’en dissuader.
A partir de là, il est difficile de raconter l’histoire, puisque il s’agit en fait de trame, qui voit une inquiétante fille aux yeux vitreux, des zombies et des apparitions maléfiques.
L’héroïne va sombrer vers la folie mais ne trouvera secours que par son ami médecin. Après la multitudes de dangers, les portes vont s’ouvrir et les deux réalités vont se confondre un certain temps, entraînant les habitants des deux mondes à une cohabitation impossible.
A mon sens, la qualité de ce film tient en la superposition des talents qui ont travaillé sur ce film : Catherine Mac Coll et David Warbeck pour l’interprétation, la photographie, la musique de Fabbio Frizzi, le scénario de Dardano Sachetti et la maestia de Lucio Fulci.
Il s’agit d’une rare configuration où la somme de ces talents dépasse l’addition des compétences individuelles, d’une œuvre magique.
Il n’y a pas de volonté nuisible envers les humains, juste une nécessité de se refermer pour que l’équilibre des mondes n’affecte durablement aucun des deux plan de l’existence!
Ainsi il s’agit d’une bien belle illustration du thème de Frédéric Niestche, au-delà du bien et du mal, où l’on ne peut conceptualiser l’au-delà avec notre appréhension de vivant.
La représentation de l’au-delà est chiche, mais elle splendide.
D’ailleurs, qui d’autre que Lucio Fulci a pu nous la montrer furtivement avec une telle emphase et une vision aussi mature ?
Le film est disponible sur le site de néopublishing, l’éditeur de référence de Lucio Fulci que vous pouvez retrouver ici !
En cliquant ici, vous pourrez voir le trailer mais attention, l’au-delà est une œuvre qui se mérite d’être vue dans des bonnes conditions. Elle devrait vous marquer, cogiter dans un endroit de votre esprit pour susciter une réflexion voire, dans le meilleur des cas, un engouement.