Wally Wood est un artiste qui a une énorme cote de popularité chez la génération de fans qui ont pris connaissance de son talent à l’époque de ses publications. Pour ma part, il ne me disait pas grand chose, quelques numéros de Sally Forth ou des collaborations éparses chez Marvel qui ne m’ont pas séduit plus que cela. Mais lors du dernier festival d’Angoulême, le fin connaisseur qu’est Tony Lariviére me traîne jusqu’ à un stand hollandais qui éditait des numéros de Witzend. Parmi toutes les bandes, une seule me convainquit en quelques pages du talent de Wally Wood : my world. Aussi je me dois de revenir à ce grand artiste dont la cime de la carrière se situe pour moi dans les années 50’.
Wally Wood est né en 1927 dans le Minnesota. Il incarne la génération de lecteurs qui était élevée au pulps et au daily strips. Justement, le jeune Wally Wood adore les maîtres du moment qui excellèrent dans cet art : le fameux Milton Caniff de Terry et les pirates ainsi que Hal Foster qui exerçait sur Flash Gordon. Ces grands de l’époque influencèrent énormément d’ artistes en leur montrant en les éblouissant par leurs talents.En parallèle, il travaille pour le compte de la Fox Comics (Blue Beetle 1er) pour des travaux d’encrage, ce en quoi il se révèle doué. IL demeure donc un artiste établi dans les années 50’ où il s’essaye à plusieurs genres tout en ne cessant d’améliorer son art. Justement, ces années seront clairement le meilleur de sa carrière et nous entraîneront dans des épopées graphiques époustouflantes.
Aussi, pour assurer la survie de sa firme, Bill Gaines dut tenter d’autres expérimentations, et ce fut alors l’aventure MAD, peu connue chez nous mais institutionnelle chez les américains (Homer Simpson y fait souvent des allusions appuyées). Wally Wood demeure de l’aventure et son trait se prête encore une fois à la folie humoristique des histoires de MAD.
Justement, Wally Wood va tenter en 1966 une aventure d’auto-publication puisqu’il va rassembler de grands artistes pour l’aventure Witzend. Il s’agit d’un fanzine de luxe où les artistes ont enfin carte blanche. Malgré l’immense qualité de Witzend, où Steve Dikto a fait son fameux Mister A, cette aventure ne fut pas un succès et Wood passa à autre chose, bien que blessé dans son orgueil d’artiste. Il créa et anima Canon Inc. qui mixe et amplifie les éléments propres à James Bond : action et belles pépées.
Mais sa carrière va devenir erratique et il convient à se moment là de relater le caractère de Wally Wood. On dit cet artiste bouillonnant, plein d’idées et véritablement enthousiaste. Mais les revers de sa carrières dont Witzend ont quelque peu atteint Wally Wood. Il a eu des problèmes avec la boisson, de multiples problèmes de santé (rénaux, oculaire) et sa carrière reflète son manque de foi et ses espoirs déçus qui l’ont minés. Aussi Wally Wood se donne la mort en 1981… Son legs est immense et la reconnaissance des fans et des professionnels l’est également.
Wally Wood demeure un grand artiste, un talent majeur même qui savait tout faire puisque son trait pouvait aller de la caricature jusqu’ à un réalisme gracieux voire splendide. Wally Wood fut de beaucoup d’aventures éditoriales qui sont quand même la grande période de Science-Fiction (à mon sens, son âge d’or), les débuts de la grande aventure de MAD, une participation aux débuts de la Marvel, puis la création de ces héros si intéressants –les Thunder agents- et enfin la l’auto publication qui fut remarquée qui demeure dans le légende.
1 Pour ce qui concerne les Thunder agents qui sont ici à peine évoqués, Francis Saint Martin s’y est intéressé avec talent et minutie dans un des ouvrages publiés aux éditions de l’hydre. Pour le commander, adresser votre règlement à Mr Francis Saint Martin, 1 avenue du Dr Dhers, 64300 Orthez. Il vous en coûtera 10 euros + 2.5 pour le port. Un must !
2 Pour l’épopée EC comics, que je maîtrise mal, reportez-vous à l’excellent dossier paru dans Scarce 34.