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29 avril 2008 2 29 /04 /avril /2008 08:40

1ère partie

Neal Adams est un grand, un très très grand du comics. Il est à la base un dessinateur d’excellence qui révolutionna la vénérable Dc comics, dans une période où elle perdait de son attrait par rapport à la sémillante Marvel comics. Mais son caractère, son engagement et son bagout lui ont conféré une aura supplémentaire.

Neal Adams naît en 1941, il étudie les arts industriels à une école d’art de New-York, une sorte de lycée, puis tente sa chance dans le monde professionnel. Avant tout, Neal Adams est à mon sens un génie du dessin inné : il n’a du que très légèrement travailler son talent pour apprendre quelques techniques de dessin mais l’essentiel demeure issu de son don. Il fait divers boulots, dont l’assistant technique aux décors (méthode fort répandue qui permet aux dessinateurs de se former dans l’ombre d’un artiste confirmé) puis il parvient à percer chez Dc.

A ce stade, son art est déjà accompli, en fait il est même au summum de son talent. Pourtant, il ne convainc pas d’office les éditeurs qui sont un peu plus lents que les lecteurs (alors qu’ils devraient avoir un temps d’avance, mais bon). Il  enchaîne donc sur Batman, ou plutôt dans la série nommée the Brave & the Bold où notre justicier fait équipe chaque arc avec un  nouvel associé. La réaction du public est excellente et Julius Swartz se voit contraindre de confier le titre Batman au jeune prodige, qui fait équipe avec Denny O’Neil, transfuge talentueux de la Charlton, sur le titre. Ce sera une ère d’excellence, enfin quelque chose de long et durable, de trépident qui se passe dans un titre de la firme. Rappelons que Marvel a quasiment le monopole des comics hype. Dc vient enfin de marquer un point. Batman est enfin débarré du traitement un brin niais hérité de la série télé. Ra’s Gulh est crée, Double face fait un retour remarqué, le Joker redevient réellement tordu et dangereux. Neal Adams crée Man-Bat lors du 400ème épisode du titre, et c’est une réussite. Bref, le Batman des années 60’, en comics, est celui de Denny O’Neil et Neal Adams.

Puis Neal Adams est sollicité de toute part à Dc, il est capable de susciter un engouement aussi il peut choisir. Il fera de courts mais excellents épisodes de Deadman. Même aujourd’hui, il s’agit de chef d’œuvre incontournable tant au point de vue de l’histoire que de la performance graphique de Neal. Je vous les recommande plus que vivement.

Il réalise une seconde performance d’intérêt au moins égale, sur le personnage du Spectre, qui n’est pas aussi puissant que maintenant, mais qui demeure diablement intéressant. Sa dépendance à Jim Corrigan est forte, sa puissance conditionnée et ses ennemis machiavéliques. Encore une fois, il s’agit d’un joyau de Dc mais la participation de Neal Adams reste très limité (quelques numéros !). 

  

 Sa principale performance viendra sur le titre Green arrow/Green Lantern qui se vend mal. Avec Denny O’Neil, il révolutionne le titre, mais aussi les comics grâce à un contenu mature qui aborde enfin des thèmes longtemps éludés par les comics (le legs de Frédéric Wertham et du comics code). Les personnages évoluent enfin dans un vrai monde, le notre avec les problèmes de drogues, les entrepreneurs véreux et au-dessus de lois.

Les problèmes de la vie réelle sont enfin traités, rappelons que la condition des noirs aux Usa était (et encore ?) une honte absolue. L’état de fait ne suit pas l’état de droit, pourtant inscrit dans la sacro-sainte constitution américaine, et la discrimination demeure très forte dans le pays. Adams et O’ Neil mettent les pieds dans la plat : les super-héros ont trop longtemps éludés ce problème dans leur contenu. Un noir demande ironiquement pourquoi ce redresseur de tort de Green Arrow ne s’occupe pas réellement de ces problèmes, il ne les voit donc pas ?

Il s’agit d’un ère absolument fabuleuse pour les deux héros, le preux chevalier Green Lantern et le râleur exigeant Green Arrow. Des amis qui surmonteront ensemble des aventures à thématiques et qui, malgré leurs dissensions, graveront leur amitiés dans les épreuves.    

Neal Adams demeure très versatile, il a la fougue de la jeunesse et justement, son tempérament demeure bouillonnant. Dc a compris l’ évidence, c’est un phénomène : la star à conserver à tout prix. On lui demande de produire des couvertures qui permettent quand même aux titres de mieux se vendre. On aimerait lui confier les séries en perte de vitesse pour les sauver du naufrage mais Neal finit par se lasser. Surtout, il aspire à autre chose. 


Justement, la condition des auteurs de comics demeure affreuse aux USA. Il n’y a guère que Will Eisner qui a pu conserver la propriété  de son Spirit. Jack Kirby est en passe de se faire duper, et Joe Schuster et Sieigel revendiquent toujours des royalties normales sur Superman.

Neal Adams va prendre part dans ce combat, en allant s’expliquer avec les pontes de Dc comics. Il en résultera une pension à vie annuelle pour chacun des créateurs. Ce n‘est pas beaucoup, mais dans ce pays où la faveur est donnée aux investisseurs (les surprimes, Enron…), c’est un moindre bien. 

Neal fait un petit tour chez Marvel. Il inaugure ainsi la versatilité chez les éditeurs. Avant les périodes d’engagements étaient longues et tous souhaitaient avoir une place stable. Si une collaboration finissait, une autre devait commencer pour une longue période chez un autre éditeur. Neal Adams va faire voler ce vieille pratique, il va travailler simultanément pour les deux éditeurs. Chez la Marvel, il va faire Avengers, la mémorable guerre Skree/Skrulls avec Roy Thomas (excellent à ce moment là), puis un run un peu fouillis sur les X-men. 

Les X-men étaient fort lisibles au départ avec le duo Lee/Kirby, il l’est devenu un peu moins après puis ce fut le grand n’importe quoi avec la plume déjantée de Arnold Drake. Neal Adams va remettre de l’ordre, créer des menaces et introduire des éléments de la mythologie du titre. Chris Claremont bénéficiera de cet apport pour sa magistrale reprise du titre. Neal Adams ne restera que 9 numéros mais il s’agit d’un passage remarquable.

Neal Adams se lasse vite des comics. Il sait que les éditeurs exploitent le talent et payent très mal en retour sans guère de droit de suite ni même sur les réimpressions. Il raconte que chez Dc, malgré son évidente pouvoir commercial, il était payé 45 $ la planche. Il s’agit d’œuvres traduites dans de nombreux pays, et qui le sont encore de nos jours !

Bref, il se lasse mais il fonde un studio nommé les Crunsty Bunkers, avec Dick Gordianp. Un studio qui livre du dessin à la publicité (domaine fort lucratif) et l'élaboration de story-board pour le cinéma, mais qui acceptent et forment de jeunes talents. Une sorte de pépinières où moult artistes vont faire leur apprentissage. Ceci va l’occuper pour la majeure partie des années 70’ et à part quelques réalisations pour les chartes graphiques de Dc ou encore des événements comme le Superman/Classuis Clay.

Neal Adams va se faire rare, mais il sera toujours désiré par ses légions de fans !

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