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16 mai 2008 5 16 /05 /mai /2008 08:02

Jack Kirby subit une cruelle déception, une de plus et cruellement injuste, il doit abandonner sa grande œuvre sur les New gods. Par contrat, il doit fournir de nouveaux titres à Dc. Jack est quelque peu désabusé, mais il respecte son contrat et il livre en quelques sortes les derniers titres de sa grande période où subsistent encore de grands moments de créativité. Il s'agit donc de la seconde vague distincte de ses efforts, qui explorent d'autres univers que celui des New Gods.

 


1 Le démon

Jack Kirby relève un challenge, il doit livrer une histoire horrifique dans le monde tranquille et béat de Dc tout en ne montrant aucun excès graphique. De toute façon, Jack n’aimait pas le gore et lui et Stan Lee avaient déjà réalisé le même type de performance lors de l’ère Atlas où des monstres démesurés venaient régulièrement envahir les pages de ces bons comics.

Une fois de plus, Jack se passe du talent de Stan Lee pour tout assurer lui-même. Or, on s’est déjà aperçu que lui même était un fort bon dialoguiste, vraiment bon, mais peut-être quelques iotas en dessous de Stan Lee (qui se sert des dialogues pour faire avancer l’histoires et pas seulement en souligner quelques aspects de dramaturgie). Pour le titre démon, il faut confronter le lecteur, même jeune, à des êtres immondes et abjects tout en ne l’effrayant pas. Voilà un challenge que Jack relèvera haut la main ! Les ennemis récurrents sont Morgane La Fey, Klarion et Helga la sorcière. 

Le démon demeure une créature utilisée par Merlin l’enchanteur qui l’a lié au démonologiste Jason Blood. Celui-ci hérite des cas les plus inexplicables qu’il doit percer puis combattre en faisant appel à son double maléfique déterminé : le démon Etrigan. Non seulement les menaces sont époustouflantes,  mais Jack Kirby utilise toutes ses compétences graphiques pour nous suggérer l’indicible, les limites de l’appréhension humaine en ce qui concerne les monstres et la manifestation de leurs pouvoirs maléfiques. 

Baignant dans une liturgie européenne, le démon s’avère aussi menaçant pour les amis de Jason Blood et sa fiancée. Comme le docteur Jekill, la thématique d' une malédiction insupportable empoisonne l'existence de Jason Blood. On revient donc à la dichotomie du héros, prisonnier de sa charge/destinée qu’il doit néanmoins assumer car nul autre ne peut le faire.

Même si l’ère de Jack Kirby demeure excellente, le personnage de Jason Blood et le lien qui le lie à Etrigan, un démon majeur, sera le sujet d’excellentes séries par Alan Moore, Alan Grant et surtout Garth Ennis. Il donneront plus de chair au personnage que le grand Jack, tout en lui insufflant l’ingénieuse idée de le faire parler en rîmes. Mais aussi, ils se permirent davantage de violences graphiques.

Une fois de plus, quelques personnages secondaires seront exploités comme Klarion le garçon sorcier, habilement qui plus est par Grant Morrison dans ses 7 soldats. Encore une fois, Jack Kirby a laissé un legs créatif immense que Dc rationalise et exploite toujours.

 

2        Kamandi

 

Kamandi demeure une œuvre très grand public de Jack Kirby, peut-être pour rassurer les éditeurs de Dc qui veulent un hit commercial. Justement, Kamandi le dernier garçon sur terre durera 40 numéros mais il ne sera pas le sommet créatif de Jack et les influences sont manifestes.

Kamandi demeure un jeune et vigoureux garçon qui sort de son abri dans lequel il vit avec son grand-père*. Celui-ci meurt, et Kamandi se trouve livré à lui-même. Nous allons découvrir avec lui un monde ravagé par le désastre nucléaire ( le fameux AD after destruction) où  les animaux ont subi de bien curieuses mutations puisqu’ils sont maintenant au même stade de l’évolution que l’homme, et que ce dernier a régressé. L’histoire demeure intéressante et de bonne facture, les périples de Kamandi sont toujours intéressants et haletants. Les histoires de Jack, ainsi que son dessin, nous permettent de passer de bons moments. Ainsi, pour faire rebondir quelque peu l’histoire, Kamandi trouve des alliés comme un chien savant (aucun humour, rassurez-vous) ainsi que des astronautes retombés sur terre. Mais même ces derniers s’avérant être des mutants puisqu’ils ont la faculté de se changer en être d’acier, doué de super-force.  

La meilleure histoire demeure le puissant. Kamandi arrive avec ses alliés dans un étrange territoire où des gorilles volent lamentablement par la grâce de catapultes. Il s’aperçoit qu’il s’agit d’un rituel afin de se montrer digne du puissant. Le puissant demeure vénéré par les gorilles car il a accompli, lors du grand désastre, des efforts inouïs afin d’empêcher la destruction totale de la terre. Les gorilles veulent accomplir les mêmes épreuves afin de prétendre à l’héritage. Kamandi et ses amis parviendront à accomplir ces épreuves et ils accéderont au temple du puissant. Il s’agit en fait du costume de Superman. Quand un artiste de légende, Jack, rend hommage à un personnage de légende, Superman, il en résulte une grande histoire, à mon avis la meilleure du cycle Kamandi. 

  Vous n’avez pas pu vous empêcher de penser à la planète des singes, l’influence paraît évidente. Or il semble que Kirby avait lui-même élaboré une histoire analogue dans Alarming Tales # 1 où les êtres humains sont projetés dans le futur et ils constatent que les êtres humains sont supplantés, voire éteints, par des animaux évolués. Il demeure intéressant aussi de prendre en compte que Carmine Infantino aurait tenté de louer la licence de la planète des singes, que Marvel a exploité un peu plus tard. 

Même si ces histoires sont moins brillantes que le Fourth World, elles demeurent encore très intéressantes mais il convient de finir l’aventure de Dc avec les ultimes aventures que Jack délivrera chez Dc.

 

Note : *L’identité de celui-ci demeure surprenante et elle vous sera révélée dans le prochain article.

 

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commentaires

F
Excellent site !
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