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6 octobre 2008 1 06 /10 /octobre /2008 08:00

Robert Hossein demeure un artiste étonnant. Nous connaissons hélas assez mal sa carrière en général tellement elle est conséquente. Sa carrière de metteur en scène de prestige est au pinacle dans des superproductions de théâtre qui sont des événements médiatiques évidents. Mais il fut d’abord acteur puis réalisateur de films autour des années 60, et un bon. 

Robert Hossein a commencé comme acteur. Il a un physique solide, il est capable de jouer dans tous les registres avec talent mais ses aspirations naturelles le poussèrent au-delà, à la réalisation. Il a donc tourné et réussi quelques œuvres à redécouvrir telles que Le vampire de Dusseldorf, mort d’un tueur, le jeu de la vérité…toutes sont à redécouvrir même si les éditions en Dvd ou les passages sur le câble nous les égrainent de manière sporadique.

Toi le venin est une adaptation d’un romain de Frédéric Dard, c’est toi le venin, qui pourrait d’ailleurs être adapté en pièce de théâtre car le film se déroule dans très peu de décors et se concentre sur trois personnages. Un jeune homme, Pierre, ère sur une route de la côte d’Azur. Il se fait aborder par une superbe femme blonde dont il n’aperçoit pas très bien le visage. Il monte à bord, elle arrête la voiture dans un coin tranquille et ils font l’amour, bien qu’elle reste dans la pénombre. La jeune femme en question le jette brusquement une fois l’acte fini, par jeu et par pouvoir de décision, et elle manque volontairement de le renverser en repartant.

Pierre demeure en colère, très en colère. Il occupe une chambre d’hôtel dont il tarde à régler la note, il est fauché voire à bout du rouleau, mais il garde sa dignité et se renseigne sur l’immatriculation de la voiture. Il retrouve l’adresse et il découvre, surpris, que deux ravissantes jeunes femmes sont les propriétaires. L’une demeure réellement réservée, du moins semble-t-il, tandis que l’autre est paralytique à cause de la polio. Pierre cherche à savoir pourquoi il a été victime d’une tentative d’accident volontaire mais la jeune femme, qui gare sa sœur, lui jure qu’elle n’a pas conduit la nuit. L’autre sœur se révèle diablement intelligente voire manipulatrice. On sent que son handicap aurait même augmenté ses capacités intellectuelles et elle fait tout pour retenir Pierre, que les deux sœurs désirent. Lui-même se pique au mystère fait de petites manipulations puisqu’il y a forcément une explication logique dans cette maison.

Toi le venin demeure une petite perle de film noir, pas au sens du genre policier, mais bien de personnages ou d’une situation qui ne sont pas ce qu’ils paraissent être. On pourrait presque envisager ce film comme un giallo. Ainsi nous sommes pris dans une quête de la vérité, une spirale qui implique le spectateur donc, en même temps que ce pauvre Robert Hossein qui ne sait plus à quelle beauté se vouer. Le scénario de Frédéric Dard distille juste ce qu’il faut d’informations pour que l’on soit désorienté, tout comme Pierre. Le petit défaut de Toi le venin demeure qu’elles sont un rien téléphonées. Mais les actrices sont de superbes et excellentes, Marina Vlady et sa sœur Odile Versois. Elles sont parfaitement accomplies dans le jeu d’actrice, elles jouent d’une manière très maîtrisée et incarnent à la fois le charme, la grâce, la candeur et l’intelligence. Marina Vlady demeure l’une des bombes de cette époque (elle fut la femme de Robert Hossein de 1955 à 1959), tout comme B.B et la superbe Mylene Demangeot. Elles incarnent à merveille le péril féminin dans ce qu’il a de plus déstabilisent et manipulateur.  Ainsi, Pierre se retrouve pris dans une toile mortelle où l’une des deux pourrait être une araignée mortelle, mais laquelle ?

En outre, Toi le venin assouvit un de mes plaisir de spectateur de film ancien : le réalisateur capte l’air du temps qui me permet de ressentir l’air de l’époque du film. Ainsi la fin des années 50 demeure un arrière plan intéressant qui donne un cachet intéressant à Toi le venin. On a le droit à une belle musique de jazz qui confère une superbe patine au film. Les rares arrières plans du film nous montre une côte d’Azur assez swing sans que je puisse précisément situer le lieu de l’action.

Beau film en noir et blanc qui permet à son trio d’acteurs de livrer des performances convaincantes, Toi le venin demeure donc un fort bon film noir de son époque mais aussi une preuve indéniable des talents de Robert Hossein, acteur et réalisateur. Il rend grâce à la beauté et au charme féminin incarnés par les superbes et talentueuses Marina Valdy et sa sœur, Odile Versois , trop tôt disparue en 1980. Il n’y a que trop peu de films de cette époque qui nous soient parvenus, à nous les générations actuelles, et Toi le venin en demeure un digne représentant !

Note : j’ai découvert ce film grâce à Jean-Pierre Dionnet et son cinéma de quartier. Jean-Pierre expliquait que son cinéma de quartier survivait grâce à l’obligation de diffusion d’un quota de films français, d’où ce cycle de Frédéric Dard. Je n’ai hélas eu la curiosité de ne voir que celui-là que j’ai trouvé intéressant. Mais c’est quelque temps plus tard que j’ai réalisé qu’il était excellent ! Mais à vous de vous faire votre propre avis, comme toujours !

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