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11 novembre 2009 3 11 /11 /novembre /2009 07:00

La Hammer film a révolutionné, ni plus ni moins, le cinéma fantastique à la fin des années 50.  Mais elle a fort mal su se renouveler et ses films de Dracula, Frankenstein et consorts ont pris un sacré coup de vieux durant les années 70. Des films comme la nuit des morts-vivants ou encore la dernière maison sur la gauche annoncent les standards de la production d’horreur à venir tandis que la Hammer tente encore et toujours de capitaliser sur un énième Dracula avec Christopher Lee. Bref, la firme ne parvient pas à capter l’air du temps mais elle tente cependant de se refaire, avec ce film étonnant qu’est Une fille pour le diable.


Une fille pour le diable traite de sorcellerie, un genre assez rare auparavant quoiqu’il devient presque une mode dans les années 70 avec des œuvres telles que l’exorciste ou la malédiction. L’histoire part d’un fait anodin pour arriver jusqu’à aboutir à la plus noire des vérités.

 

John est un écrivain de livres de spiritisme qui fête la publication de son nouveau livre. Lors de ce vernissage, il est abordé par un homme aux traits tendus qui lui supplie de s’occuper de sa fille et de la cacher. John accepte de prendre en charge une jeune fille, Natassia Kinski, qui arrive tout droit de l’ordre religieux dans lequel elle a été élevée. John parvient à la soustraire aux membres de l’ordre et à la ramener chez lui, en la confiant à la garde à ses amis. Avant qu’il aille enquêter, il reçoit un coup de fil de pire personnage de la secte, le « père Michael Rayner » qui lui intime de rendre Catherine, la jeune fille. John refuse et le père lui fait une première démonstration de ses pouvoirs, qui confinent à l’illusionnisme, et son combiné semble se changer en serpent.

 

John demeure ainsi pris dans une toile, malgré lui, qui lui fait suspecter que cette jeune fille revêt une importance très grande pour cette secte démoniaque dont les desseins sont carrément apocalyptiques. Même l’église se déclare impuissante à contrecarrer cette secte dont le père Rayner aurait des pouvoirs très puissants.

C’est donc à cette secte, hautement déterminée, que vont devoir se battre John Rayner et ses amis. Mais les pouvoirs de la secte sont énormes et elle œuvre de toutes ses forces pour reprendre Catherine, qui n’est pas aussi innocente et candide qu’elle n’y paraît.

 

L’intérêt d’Une fille pour le diable demeure la subtilité avec laquelle est traité le sujet de la sorcellerie. Les effets sont subtils, judicieux car l’irruption des pouvoirs du père Rayner demeure toujours équivoque. Il n’y a pas d’effets grossiers ou folkloriques mais bien une approche réaliste de la sorcellerie / démonologie : ces pouvoirs maléfiques pourraient être un degré supérieur de l’illusionnisme avec des particularités inédites telles que la combustion spontanée.

L’intrusion de la magie noire n’en est que plus intéressante, inquiétante, et le périple de John n’en fait que plus froid dans le dos. Là est la grande réussite de Une fille pour le diable.

 

Mais une fille pour le diable est l’adaptation de l’immense écrivain britannique Denis Wheatley. Uniquement connu des amateurs de romans fantastiques, Denis Wheatley est en quelque sorte, caricaturons, un des prédécesseurs de Stephen King et il eut un immense succès en Grande Bretagne dans les années 50 et 60, où il vendit jusqu’à un million de livres par an. Ses connaissances en démonologie furent réelles et il était même une sommité en la matière. Un immense auteur qui bénéficie encore d’un culte et d’un cénacle de fans aujourd’hui encore.

Les vierges de satan furent déjà adaptées à l’écran par la Hammer, je suis plus que réservé sur ce film et Christopher Lee, pour une fois, était le héros.

Justement, le père Rayner demeure joué par l’immense Christopher Lee. C.Lee parle couramment plusieurs langues, demeure immensément cultivé mais surtout, il est un grand adepte de la magie blanche. Son personnage a tourné le dos à l’église et il se sert de ses connaissances pour un dessein qui ne consiste pas forcément à servir le malin. Nastassja Kinski demeure la révélation de ce film. Son personnage, qui incarne dans un premier temps l’innocence la plus pure, fait quelque peu froid dans le dos quand elle avoue avec le plus grand naturel servir le diable ! Son père naturel demeure une victime de cette secte et son seul sursaut de courage aura été de confier sa fille au héros.

Une fille pour le diable s’est pris une veste critique assez sévère lors de sa sortie et cette réputation l’a suivit assez longtemps. Les fans de l’époque préférèrent The devil rides out de Terence Fisher. Si la trame des deux films demeurent quelque peu semblables, The devil rides out verse dans toutes les facilités ou autres ficelles du genre.  Une fille pour le diable demeure bien plus malicieux et subtil dans sa représentation des serviteurs du malin, presque plausible d’ailleurs. Le combat final entre John et le père demeure à la fois efficace, prenant et ingénieux.

Il est à noter, le détail est amusant, que Christopher Lee lui-même était un adepte de la magie et qu'il connaissait fort bien Denis Weathley  ! Ce dernier lui céda gratuitement les droits de l'adaptation de son livre mais il fut déçut par le résultat, ce qui mis Lee mal à l'aise. Denis Weathley est d'ailleurs mort peu de temps après, en 1977. Il demeure toujours la figure incontournable de la magie noire et blanche en Angleterre, bien qu'il se défiait toujours de la magie noire et Une fille pour le diable pourrait constituer une version totalement romancée de sa vie.

Une fille pour le diable ne verse jamais dans la facilité mais il n’a jamais bénéficié de reconnaissance critique.
Pour ma part, j’avais la K7 éditée par Thorn Emi. Or j’ai eu la bêtise de la vendre, ce dont je me suis mordu les doigts (les dix) pendant longtemps. Même si une fille pour le diable n’est pour l’instant que seulement passé sur le câble, guettez-le, vous verrez un film réellement intéressant.
 Il a été, depuis, réédité en DVD.



 

 

 

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