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30 mars 2011 3 30 /03 /mars /2011 07:08

Will Eisner demeure l’une des personnalités les plus importantes du comics.
Certes, il n’a pas brillé dans les comics de super héros ni crée de personnages qui soient réellement connus du grand public, mais son parcours, son engagement tout comme sa contribution au comics book constituent un des apports les plus importants et les plus intéressants qui soient. Une carrière si riche, portée par une réelle foi dans ce support, le parcours de Will Eisner méritait bien que l’on se penche avec attention dessus.
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Né en mars 1917 à New-York d’émigrés Roumains, le jeune Will avait déjà pour exemple son propre père qui était lui-même à la fois artiste peintre et entrepreneur des théâtres, pour lesquels il réalisait justement des décors.
Le jeune Will, enfant précoce au dessin qui aimait dessiner le plus clair de son temps, fut donc encouragé par ses parents pour se réaliser dans le dessin. Il a étudié le dessin à l’Art Studient League de New-York sous la férule de George Bridgman.

 

 george brigdman

George Bridgman, grand artiste né en 1865, Brigman avait étudié aux beaux arts à Paris, sous la tutelle de Jean-Léon Gérôme et il ne cessa de se perfectionner.
Enseignant à la réputation établie, maitre en anatomie, mère pour lui de tout dessin, George Bridgman fut un très grand professeur qui forma nombre d’élèves qui devinrent tous fameux, à commencer par Norman Rockwell, prodige absolu du dessin et chroniqueur de son temps.
Ce fut donc un excellent apprentissage pour le jeune Will qui lui permit d’asseoir d’excellentes bases pour le dessinateur d’exception qu’il n’allait pas tarder à devenir.

 

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Passons les débuts de Will, ils ont été racontés dans le Rêveur.
La fin du Rêveur, acte de foi dans les motivations qui poussent les artistes à travailler, emmène Will Eisner vers l’une de ses plus grande aventure, le Spirit.
Ce fut le fameux Everett « Busy » Arnold et Henry Martin qui proposèrent à Will Eisner de se lancer dans la création d’un nouveau personnage, à exploiter dans les journaux comme page du dimanche.
Will Eisner, et ce fut là une exception, négocia la propriété de son personnage, le Spirit, arguant assez probablement que se lancer dans une telle aventure, alors qu’il gagnait très bien sa vie avec son studio, se devait d’avoir une contrepartie. Et cette contrepartie, ce fut d’ailleurs un choix très heureux de Will Eisner, fut les droits de son personnage…

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Le Spirit connut un certain succès, il enchanta les enfants autant que les parents, puisque les aventures de ce justicier fantôme revenu d’entre les morts étaient constantes en qualité et riche en rebondissement.
Avec le Spirit, c’était déjà un maitre de l’art séquentiel qui proposait des aventures d’un personnage certes génériques -les aventures de ce héros ne reposent pas sur des caractéristiques ou un concept hors du commun- mais ce furent bien les qualités incroyables de narrateur et d’artiste d’Eisner qui firent du Spirit une bande dessinée hors du commun.

 

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Will Eisner, qui devait sans doute s’ennuyer à proposer encore et encore les mêmes aventures teintées de polar noir de son héros, ne perfectionner son art de grand raconteur d’histoires. Allant toujours à l’essentiel, privilégiant une petite ritournelle ou une note dramatique relative au destin des personnages qui peuplèrent ses aventures, Will Eisner s’impose en tant que dramaturge des comics books. Autant le super héros est un peu fade, autant la porté émotionnelle des histoires ne cesse de s’améliorer pour proposer des sortes de mini nouvelles dans la droite ligne de bons écrivains.

 

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L’autre grande disposition de Will Eisner, qui fait d’ailleurs référence, demeure l’habilité graphique qu’il applique à l’univers du Spirit.
Récit noir par excellence, bien que lisible par les enfants, le Spirit bénéficie d’incroyables audaces graphiques de la part de Will Eisner, comme si il voulait repousser et s’affranchir de la place limitée des pages et des cases dans le comics books.

La manière de dévoiler les lettres de son personnage principale est à ce titre significatif de l’évolution et des performances incroyables que Will Eisner déploie sur son titre.

Les lettres se fondent dans le décor urbain. Elles s’imbriquent à même les immeubles ou sont encore mises en relief par la lumière et les ombres. Des trouvailles, des innovations et des folies graphiques ne cessent de renouveler des possibilités que l’on pensait jusqu’alors limitées, ou qui n’étaient jusqu’alors pas exploité jusqu’alors par personne.

 

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Le Spirit commença donc en juin 1942 pour finalement s’interrompre en 1952.
Sa diffusion s’entendit jusqu’à 20 journaux et on estima le nombre de ses lecteurs potentiels à cinq millions. Mais pendant la période de mobilisation de Will Eisner pour l’armée durant la seconde guerre mondiale, le titre fut confié à de talentueux assistants comme l’exceptionnel, mais lent, Lou Fine.
Le titre disparut en 1952 pour être finalement oublié, mis de côté.
Mais les jeunes lecteurs de ces aventures grandirent et, devenus grands, certains se souvinrent des aventures de ce héros pour les republier.
Cela fut entrepris par le glorieux éditeur Kitchen Sink qui les édita, pour la première fois semble-t-il en comics, et les critiques s’enthousiasmèrent pour ce héros si peu commun de l’âge d’or (sa qualité, ses histoires proches des contes, son mode de publication) et Will Eisner ainsi que son héros furent en quelque sorte redécouvert !

 

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Ce fut donc une carrière incroyable pour Will Eisner qui, alors qu’il s’occupait à d’autres tâches, fut soudainement remis sur le devant de la scène et ses grandes qualités, bien que déjà connues des dessinateurs du milieu ayant un peu de bouteille, furent enfin célébrées.
Ce fut donc le couronnement des fruits du long labeur de ce si grand artiste qui a participer à l’évolution du comics book.
Alors que cela ne faisait pas parti du cahier des charges, Will Eisner a révolutionné tout doucement ce qu’il était alors possible de représenter visuellement dans les comics et apporté une écriture dramatique et émotionnelle assez forte à son contenu. C’est déjà beaucoup, mais ce ne fut pas le seul apport durant la longue carrière de Will Eisner !

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Plus : Philippe Cordier a édité voilà deux années un beau magazine en hommage à Will Eisner et au Spirit. De grandes signatures se sont fendues d'un bel hommage à ce grand maitre.

Pour ceux qui ne l'ont pas et qui désirent le commander, allez demander à Philippe Cordier, sur son blog, si il lui reste des exemplaires !

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