3ème partie
L’ère Archie Goodwin est finie, un nouveau venu prend le poste. Il se nomme Jim
Shooter et il a déjà un parcours étonnant, mais il va marquer son emprunte dans l’entreprise
pour des bons aspects, mais aussi d’autres qui seront plus contestés.
Jim Shooter a eu un parcours absolument incroyable dans le monde des comics.
Il envoie de lui-même des dessins et des scénarios à l’éditeur qui avait le titre en charge de la légion des super-héros chez DC.
Le dessinateur nommé Curt Swan, le vétéran sur le titre Superman de DC pendant plus de vingt ans, va être séduit et étonné par la qualité des dessins. Stimulé, l’éditeur accepte de collaborer avec ce nouveau dessinateur, mais les échanges ne se passent que par courriers.
L’artiste tarde à se dévoiler, et pour cause, il a juste 14 ans ! Jim Shooter parvient à bluffer les professionnels de DC. Non seulement il réussit à rester sur le titre mais il va laisser des épisodes fort appréciés qui constituent une période de référence sur le titre.
Des années plus tard, il est reconverti dans l’éditorial et, quand Archie Goodwin jette l’éponge, il apparaît comme le candidat naturel. Mais que se passe t-il chez Marvel à cette période, en terme créatif ? Et bien les avis ou les témoignages relatent un certain laisser-aller
où chacun fait un peu ce qu’il veut. Bref, même si ce n’est pas une ambiance 68’, Marvel ne produit pas de grands titres et n’a plus l’éclat créatif de la décennie précédente.
Jim Shooter n’est pas un tendre. Il a dû lutter très tôt, s’imposer et affronter les luttes de pouvoirs propres aux entreprises.
Il devra justement gérer ces luttes à un niveau élevé. Il met peu à peu en place une surveillance éditoriale (du point de vue créatif) et il donne son avis aux créateurs directement.
Il se permet même de renvoyer des scripts aux scénaristes pour qu’ils soient améliorés, ce qui n’était pas arrivé depuis longtemps. Il convoque même certains scénaristes pour leur expliquer de manière didactique ce qu’il attend au minimum d’un scénario : une intrigue claire, une caractérisation des personnages et un sens basique de la péripétie.
Cela ne plaît pas la plupart du temps, les habitudes sont bousculées, mais la boîte reprend une direction guidée par un chef qui a une vision globale.
Sur le plan de la structure, Jim Shooter et ses supérieurs rationalisent la boîte avec des éditeurs qui structurent la firme : un responsable pour la famille X-men, un autre pour les titres Spider-man, et ainsi de suite pour avoir une vision structurée de tous les personnages Marvel en « gammes ».
Les succès sont-ils dus à un hasard ou à une vision de génie ?
Voilà un débat intéressant, mais les grands succès créatifs deviennent presque toujours des succès commerciaux. En revanche, le contraire est une anomalie.
Donc Dardevil explose avec Frank Miller, les X-Men connaissent leur heure de gloire avec Claremont/Byrne, les Fantastic Four connaîtront un long run mémorable de Byrne.
Bref, certains résultats doivent se retrouver en bonne place sur vos étagères…
Mais si on prend l’exemple de Dardevil, Frank Miller était sur le titre et comme il n’y avait pas de scénariste en vue, on lui a laissé une certaine latitude, sachant que le titre connaissait des ventes faibles.
Jim Shooter a aussi exigé que Jean Grey soit tuée parce qu’ elle a annihilé une planète Shia’r.
Byrne a même du refaire des planches car le chef avait tranché, et on lui obéit. Pour anecdote, Byrne lui garderait quelque rancœur…
Maintenant les impairs, ils sont nombreux et laissent des regrets manifestent.
Jim Shooter annule le crossover Avengers/Jla dont le scénario était réellement prometteur.
En tout cas bien meilleur que la version de Kurt Busiek qui est une redite de son Avengers forever. Il se fâche définitivement avec certains artistes, et la « belle ambiance » de jadis est un lointain souvenir.
Il se fâche également, vers la moitié des années 80’ avec les exécutifs de Marvel, ceux qui tiennent les cordons de la bourse, et le conseil d’administratif.
Il aurait essayé d’instituer des meilleurs droits d’auteurs, le cas de Jack Kirby est une honte, et DC a déjà fait cela pour pouvoir attirer et garder de meilleurs talents. Cela ne plaît pas aux dirigeant de la firme, la boîte de cinéma New World Pictures, qui est là pour faire des bénéfices et rien d’autre. Quant à la loi américaine, et bien les politiques sont quand même plus à droite que chez nous et c’est un problème qui ne semble pas les concerner. Pour illustrer mes propos, veuillez vous documenter sur la grève des scénaristes à Hollywood qui est assez édifiant.
Bref, Jim Shooter a mis la pression d’entrée aux créatifs, mais il a structuré la société dans une forme rationalisée. Mais ce job appelle une réelle pression et il quitte à son tour la place, ou plutôt, il y est aidé !
Donc adieu Jim Shooter qui saura rebondir en créant Vaillant, qui va vraiment fonctionner un temps, puis Défiant, et enfin Brodway pour revenir plus récemment dans la légion des super-h éros chez DC. La boucle est bouclée !
Son successeur sera un de ses bras droits, le nommé Tom De Falco qui va profiter d’une des meilleure période en terme de vente de la société, où la firme paraît se développer pour une croissance interrompue, presque sans limites…
Bibliogaphie :
Edition française de Wizard, article sur Jim Shooter.
Scarce no 47 et 48 avec une interview des plus savoureuses sur Jim Shooter, un must.